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"C'est en Afrique que le transport par drone a véritablement commencé", explique Tim Cleys, Manager Healthcare Integration Services de Helicus. "En 2016, ils ont commencé à transporter des poches de sang, des médicaments par drone. En Belgique l'idée a germé vers 2016 au sein d'un groupe de médecins confronté au problème de turnover et d'horaire à respecter par les laboratoires, causé par des problèmes de transport. L'objectif est de garantir aux médecins une livraison plus rapide et moins variable que par taxi ou par navette face à la congestion grandissante des axes routiers. La conjugaison de deux facteurs - qualité et rapidité - a décidé Mikael Shamim, actuel CEO, de créer Helicus en 2016 pour voir ce qui était faisable concrètement dans les hôpitaux."Les Cliniques de l'Europe se sont lancées dans l'aventure. En 2021, elles ont signé un contrat avec Helicus. "Depuis 2021 et jusque 2023, nous élaborons le projet dans son aspect "faisabilité"", explique Marie Loriaux, Transversal Project Manager. "Nous n'organisons pas encore de vol. Toutes sortes d'étapes sont prévues par la start-up Helicus au cours desquelles chaque "client" (hôpitaux, médecins et Croix-Rouge) se positionnera: rencontrer les clients en interne pour savoir qui veut participer, quels sont leurs processus logiciel et l'identification des cas d'utilisations, etc., étude des infrastructures (en premier lieu les toits des hôpitaux), récolte des données et finalement tous les aspects aéronautiques. Chez nous, sont concernés, par ordre d'importance du volume transporté: le laboratoire clinique, la pharmacie et le magasin médical. Le choix du drone est intéressant pour des transports inter-sites, intra-hospitaliers mais également pour des livraisons venant directement d'un prestataire ou fournisseur (exemple de la Croix-Rouge)."Helicus ne construit pas lui-même des drones, précise Tim Cleys. "Nous veillons au service, à l'automatisation et l'intégration des processus avec les différents acteurs. Il n'y a pas seulement des différences de taille mais aussi des différences de propulsion - à l'électricité, à l'hydrogène, à hélice ou avec des ailes, etc. Toutes ces caractéristiques déterminent la distance que les engins peuvent parcourir: 5, 10, 15 km... et le poids transporté (le plus souvent quelques kilos). Nous travaillons également avec Volocopter, une firme allemande qui fabrique des drones qui transportent des passagers et aussi avec le concept de "Cargodrones" qui transportent jusque 150 kg. Nous pouvons transporter à longue distance (40 km ou plus) mais les hôpitaux visent souvent des distances bien plus courtes. Le type de drone qui sera utilisé dépend des besoins du client..."Les drones peuvent être utilisés tant en cas d'urgence que pour des transports de routine. "Parce que chaque vol doit recevoir l'autorisation de décoller en quelques minutes après la demande de transport, on travaille avec un système digitalisé. Un "centre de commande et de contrôle" est un software que nous avons construit et qui nous permet d'organiser, planifier et obtenir des autorisations d'une manière sécurisée, fiable et automatisée. On travaille également avec l'EASA (European Aviation Safety Agency) pour la nouvelle législation européenne des drones. Via cette collaboration, nous négocions également pour qu'un vol médical urgent par drone automatisé soit prioritaire."Evelyn Vass, directrice opérationnelle aux Cliniques de l'Europe: "Le gouvernement a exigé la mise en place de réseaux hospitaliers mais pour le moment, vu qu'il n'y a aucune obligation à exercer réellement des activités communes au sein du réseau, peu de décisions sont réellement prises dans ce sens. Par exemple, dès que le gouvernement décidera qu'un seul labo au sein d'un réseau hospitalier pourra encore réaliser un tel type d'analyse, nous n'aurons plus d'autres choix et des économies pourront être réalisées entre autre sur les réactifs. Le transport par drone acheminera des échantillons d'un site à l'autre du réseau. En matière de traitement anticancéreux, par exemple, il y a un arrêté-royal du 30 septembre 2020 qui a été publié le 24 décembre 2020 qui impose des normes PIC/S pour la préparation entre autre des traitements anticancéreux (minimum 50.000 par an pour être rentable). Les Cliniques de l'Europe en produisent 9.000 par an, donc créer sa propre Clean Room serait un gouffre financier ; grâce aux drones, nous pourrions transporter le traitement pour le patient sur le bon site. Honnêtement, l'émergence des drones est la solution rêvée. En matière de chimiothérapie, par exemple, avec le drone, on fait la prise de sang la veille chez le patient, on voit si le patient est apte à recevoir son traitement et on prépare le traitement pour qu'il soit disponible dès l'arrivée du patient dans son unité de soins. Le patient arrive à l'hôpital et reçoit directement son traitement sans devoir attendre. Dans un avenir proche, on pourrait imaginer qu'un patient se présentant avec un infarctus ou un AVC dans un centre hospitalier, pathologie ou chaque minute qui passe est précieuse, soit transporté par drone vers l'hôpital spécialisé au sein du réseau pour qu'il soit pris en charge par des experts... On rentre alors dans le transport aérien médicalisé..."Les médecins seront impliqués très rapidement. Ils devront changer leurs habitudes en matière de traitement. Ils verront immédiatement la plus-value des drones... Il est d'ailleurs impossible d'implémenter ce type de projet sans rallier le corps médical, précise le Dr Sébastian Spencer, directeur médical associé aux Cliniques de l'Europe. Tous les développements réalisés par Helicus ont été discutés et validés par quatre groupes de discussion médicaux différents auxquels participent des pharmaciens, des médecins, des biologistes cliniques et des pathologistes des hôpitaux partenaires. Pour l'étude de validation médicale en biologie clinique, le Dr Steven Weekx, directeur du laboratoire clinique des Hôpitaux GZA (Anvers) est impliqué.