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Le Suisse Beat Streuli, qui possède également un pied-à-terre à Bruxelles, est mondialement réputé pour ses interventions artistiques dans les lieux et bâtiments publics ; il travaille principalement avec des photos, des instantanés en milieu urbain. Son projet sur le Brussels Health Campus a pour thème l'individu. Il a sélectionné 25 candidats parmi les collaborateurs de l'hôpital et de l'université désireux d'y participer, en s'efforçant de mettre l'accent sur la diversité présente sur le site. Reproduites sur des fonds colorés, ses photos ont été incorporées aux parois en verre qui flanquent la passerelle de part et d'autre et prennent vie sous la lumière changeante du soleil en journée et de l'éclairage en soirée.L'intervention artistique de Beat Streuli représente le summum (provisoire) de 20 années d'art à l'UZ Brussel. " Tout a commencé par l'Acrobate d'Herman Van Ingelgem, une oeuvre aujourd'hui iconique installée en 1999 devant l'hôpital des enfants (entre-temps rebaptisé KidZ Health Castle) ", explique Jan Beeckmans, qui a récemment pris sa retraite en tant qu'administrateur délégué mais a conservé la présidence de la commission artistique.Il nous initie avec enthousiasme à l'histoire artistique de l'hôpital universitaire. " Ces 20 années ont été riches d'enseignements. Comme tous les hôpitaux, nous avons été obligés à partir de la fin des années '90 d'investir dans l'art pour pouvoir bénéficier de subsides du gouvernement flamand pour nos travaux... et soyons honnêtes, ce n'était vraiment pas notre spécialité ! Nous avons donc décidé de nous entourer de spécialistes et de faire appel au curateur et critique d'art professionnel Luc Lambrecht, qui est actif notamment au centre culturel de Strombeek. Au fil du temps, nous avons ainsi développé une relation de confiance avec des artistes et trouvé des moyens d'intégrer leur contribution aux différents services de l'hôpital d'une manière qui fasse sens. Nos artistes invités doivent pouvoir s'imprégner de l'espace, sinon ils n'ont aucune chance chez nous... et c'est ainsi que nous avons acquis en l'espace de 20 ans une belle collection d'art contemporain. Il suffit de regarder autour de vous ! "Jan Beeckmans nous guide à travers l'hôpital, évoquant avec passion les artistes qui y ont réalisé un projet. Nous commençons notre visite par le Kunstmuur (littéralement " mur d'art "), une nouvelle initiative à l'entrée de la section hospitalisation qui met en valeur une oeuvre unique, remplacée à intervalles réguliers. Le projet vise à exposer les valeurs et l'identité de l'établissement.L'artiste du moment est Honoré d'O. Réputé pour ses installations composées d'objets anodins, il avait déjà réalisé pour le service de pédiatrie un Toy Tool Molecules très apprécié des plus petits. Pour le hall d'entrée, il a choisi une oeuvre atypique qui met en parallèle Greta Thunberg et l' Ève à la pomme de Lucas Cranach (dont l'original est visible au Musée des Beaux-Arts deBruxelles). La chorégraphe Grace Ellen Barkley de Needcompany lui succédera début 2020 avec un nouveau projet.Au fil de notre promenade à travers la clinique, nous croisons des artistes aussi intéressants et divers que Johan Tahon, Pascal Marthine Tayou, Maryam Najd, Bart Lodewijks, Hans Verhaegen ou encore Charif Benhelima. Parmi les exemples les plus réussis d'intégration de l'art à l'hôpital, citons le centre de médecine de la reproduction, dont Michel François a égayé la salle d'attente par des photos de ses oeuvres et doté les cabines d'une imagerie subtile.Les alentours de l'hôpital aussi accueillent une foule de créations captivantes. Anne-Mie Van Kerckhoven (AMVK) a par exemple apposé sur la façade 16 panneaux lumineux colorés qui s'harmonisent parfaitement avec l'architecture. L'agréable jardin, entouré d'un mur haut en couleurs imaginé par l'artiste de rue Bart Smates, accueille l'installation Stay de Gert Robijns - une bêche et un arbre en pot réalisés en bronze et placés sur des tréteaux." Nous n'avons évidemment pas la prétention d'être un musée. Nous sommes avant tout un hôpital et nous ne sommes pas là, par exemple, pour organiser des expositions temporaires ", souligne Jan Beeckmans. " L'art n'en a pas moins une fonction dans ce microcosme hospitalier, par exemple en offrant un moment d'émerveillement, de réconfort ou de distraction aux personnes qui en ont besoin. C'est pour cela que nous choisissons sciemment des images puissantes... mais sans être simples, car une oeuvre de qualité a besoin de temps pour pénétrer les esprits. "Entre-temps, nous sommes arrivés au chantier où la construction du nouveau bâtiment du bloc médico-technique bat son plein. Une partie devrait être opérationnelle dès l'année prochaine, mais la fin des travaux n'est prévue qu'en 2027. " Un nouveau bâtiment, cela signifie aussi que nous allons à nouveau investir dans l'art ", observe Jan Beeckmans. " Jusqu'ici, nous avons toujours fait appel à des artistes belges ou ayant un lien avec la Belgique... mais cette fois, nous avons sollicité un grand nom international. Je comprends votre curiosité, mais patience : vous serez informé en temps utile ! "