Environ 20 % des plus de 70 ans aboutissent tôt ou tard à l'hôpital pour des problèmes liés à leur consommation de médicaments - parfois parce qu'ils ne s'y retrouvent plus eux-mêmes dans leur vaste pharmacie, mais parfois aussi parce que, surtout en cas de polymédication, leurs traitements n'ont pas toujours l'effet mentionné sur la notice... Le Software Engine for the Assessment & Optimizaton of Drug and Non-Drug Therapy in Older Persons (SENATOR) devrait apporter une solution à ce problème. Le Pr Mirko Petrovic, gériatre à l'UZ Gent et chercheur rattaché au projet, était l'interlocuteur idéal pour répondre à toutes nos questions.
SENATOR est un projet de logiciel européen qui devrait être finalisé dans le courant de l'année prochaine. "Tous les pays d'Europe rencontrent actuellement les mêmes problèmes", explique le Pr Petrovic. "Nous sommes confrontés à un nombre croissant de sujets âgés, souvent polymédiqués, dont la liste des traitements ne cesse de s'allonger. Il est bien rare qu'on s'efforce d'inverser la tendance."
"C'est déjà en soi une situation compliquée, mais nous constatons en outre que les patients âgés vulnérables réagissent souvent d'une façon différente aux médicaments et qu'ils présentent des effets secondaires différents de ceux qui sont repris dans la notice. Forcément : ces informations reposent sur des essais cliniques qui portent presque toujours sur des patients en bonne santé et relativement jeunes. Les directives existantes se basent en outre sur la prise de médicaments contre une pathologie bien définie, alors que les personnes âgées présentent souvent des comorbidités traitées à l'aide de tout un cocktail pharmaceutique. Il n'existe tout simplement pas de guidelines pour les séniors polymédiqués."
"Une autre question à se poser est de savoir à quels dommages on expose le patient en lui administrant cette polymédication - et ce, en plus, dans le cadre d'une multimorbidité, d'une pharmacodynamique altérée et souvent d'un suivi lacunaire."
" Le projet SENATOR veut rassembler un certain nombre d'éléments. Il se charge ainsi de passer au crible la liste des traitements (qui reprend tous les produits utilisés, y compris les OTC et les suppléments), l'anamnèse et les analyses médicales, les résultats de laboratoire, les facultés cognitives et le niveau d'autonomie."
Pendant 12 semaines, SENATOR va suivre la consommation médicamenteuse de 1.800 personnes de plus de 65 ans dans six hôpitaux européens réputés. Des scientifiques s'attacheront à examiner l'impact du logiciel sur le nombre d'effets secondaires, les éventuelles réadmissions, la qualité de vie et la survie. "L'UZ Gentest le seul hôpital belge à participer à l'étude. Nous suivrons environ 300 patients", précise le Pr Petrovic.
" Le logiciel SENATOR peut améliorer le comportement de prescription des médecins et nous espérons qu'il aura ainsi un impact bénéfique sur le bien-être des patients âgés", conclut le médecin. "Quel que soit le programme que l'on utilise, il ne remplacera toutefois jamais le jugement d'une équipe multidisciplinaire, qui doit pouvoir poser des questions et creuser plus loin en cas de problème."
D'après le Pr Petrovic, la grande plus-value du programme devrait être sa facilité d'utilisation, qui permettra aux non-gériatres d'ajuster beaucoup mieux leur comportement de prescription en fonction des patients âgés. Tout en soutenant pleinement le projet, le spécialiste tient toutefois à formuler une mise en garde : "Il existe aussi un besoin de formation chez les jeunes médecins, qui doivent avant tout continuer à utiliser leurs facultés de réflexion..."
SENATOR est un projet de logiciel européen qui devrait être finalisé dans le courant de l'année prochaine. "Tous les pays d'Europe rencontrent actuellement les mêmes problèmes", explique le Pr Petrovic. "Nous sommes confrontés à un nombre croissant de sujets âgés, souvent polymédiqués, dont la liste des traitements ne cesse de s'allonger. Il est bien rare qu'on s'efforce d'inverser la tendance.""C'est déjà en soi une situation compliquée, mais nous constatons en outre que les patients âgés vulnérables réagissent souvent d'une façon différente aux médicaments et qu'ils présentent des effets secondaires différents de ceux qui sont repris dans la notice. Forcément : ces informations reposent sur des essais cliniques qui portent presque toujours sur des patients en bonne santé et relativement jeunes. Les directives existantes se basent en outre sur la prise de médicaments contre une pathologie bien définie, alors que les personnes âgées présentent souvent des comorbidités traitées à l'aide de tout un cocktail pharmaceutique. Il n'existe tout simplement pas de guidelines pour les séniors polymédiqués.""Une autre question à se poser est de savoir à quels dommages on expose le patient en lui administrant cette polymédication - et ce, en plus, dans le cadre d'une multimorbidité, d'une pharmacodynamique altérée et souvent d'un suivi lacunaire."" Le projet SENATOR veut rassembler un certain nombre d'éléments. Il se charge ainsi de passer au crible la liste des traitements (qui reprend tous les produits utilisés, y compris les OTC et les suppléments), l'anamnèse et les analyses médicales, les résultats de laboratoire, les facultés cognitives et le niveau d'autonomie."Pendant 12 semaines, SENATOR va suivre la consommation médicamenteuse de 1.800 personnes de plus de 65 ans dans six hôpitaux européens réputés. Des scientifiques s'attacheront à examiner l'impact du logiciel sur le nombre d'effets secondaires, les éventuelles réadmissions, la qualité de vie et la survie. "L'UZ Gentest le seul hôpital belge à participer à l'étude. Nous suivrons environ 300 patients", précise le Pr Petrovic." Le logiciel SENATOR peut améliorer le comportement de prescription des médecins et nous espérons qu'il aura ainsi un impact bénéfique sur le bien-être des patients âgés", conclut le médecin. "Quel que soit le programme que l'on utilise, il ne remplacera toutefois jamais le jugement d'une équipe multidisciplinaire, qui doit pouvoir poser des questions et creuser plus loin en cas de problème."D'après le Pr Petrovic, la grande plus-value du programme devrait être sa facilité d'utilisation, qui permettra aux non-gériatres d'ajuster beaucoup mieux leur comportement de prescription en fonction des patients âgés. Tout en soutenant pleinement le projet, le spécialiste tient toutefois à formuler une mise en garde : "Il existe aussi un besoin de formation chez les jeunes médecins, qui doivent avant tout continuer à utiliser leurs facultés de réflexion..."