Selon une enquête menée par le Comité interuniversitaire des médecins assistants candidats spécialistes (Cimacs), si c'était à refaire, 36% des Macs (médecins assistants candidats-spécialistes) n'entameraient plus des études de médecine. Raison, selon le Cimacs : les conditions de travail dans lesquelles ceux-ci sont obligés d'exercer. 56% des Macs travaillent plus que 60 h/Semaine, 15,5% entre 73 et 80 heures et près de 7% plus de 80 h/semaine. 20% prestant des gardes sur place ne les récupèrent pas le lendemain. La consommation de produits addictifs triple entre le début et la fin de la formation.
Le Cimacs est né au début de l'année académique 2018-2019. ll regroupe des élus représentant les médecins assistants spécialistes (Macs) des trois Facultés de médecine " complètes " francophones. Dans ce cadre, le Cimacs a réalisé un état des lieux des conditions de travail de ces Macs, leur impact, et les menaces qu'elles font peser sur la qualité de vie des assistants et sur la sécurité sanitaire.
1.159 Macs ont participé à cette enquête dont 152 assistants en médecine et interne et en pédiatrie, 124 en anesthésie-réanimation et même 174 en médecine générale. La majorité sont en première année (36%) et en deuxième année (22%). 40% sont issus de l'UCL, 33 de l'ULB et 27% de l'ULg.
Selon le Cimacs, les assistants-spécialistes sont soumis à de forte pression dans les hôpitaux, ce qui explique les taux de réponse à leur enquête.
Ainsi, 73% des Macs ont signé l'opting-out (un avenant à la loi permettant de travailler 60 à 72h/s). " Parmi eux, 75% auraient voulu ne pas signer cette annexe au contrat de travail mais estiment n'avoir pas eu le choix. Ceci est illégal. "
Non-respect de la loi
Autres enseignements et illégalités repérées par le Cimacs : un Macs sur deux reconnaît travailler plus de 60h/s, " ne respectant, dès lors, pas la loi fixant le temps de travail des Macs ". Dans 40% des cas, " les heures de travail ne sont pas correctement encodées dans le registre prévu à cet effet ; les horaires des MACS étant donc falsifiés ". Dans 66% des cas, " les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées, enfreignant la législation européenne relative aux droits du travail ". 56% des Macs travaillent même plus que 60 h/Semaine, 15,5% entre 73 et 80 heures et près de 7% plus de 80 h/semaine. 20% prestant des gardes sur place ne les récupèrent pas le lendemain.
Le Cimacs parle même de " souffrances physiques et psychiques " parmi certains assistants en formation qui risquent " d'altérer la qualité des soins attribués aux patients, et sont responsables d'une augmentation de la consommation d'anxiolytiques ", ce que l'enquête confirme. 25% font un lien entre ces conditions et la consommation de produits addictogènes (alcool, herbe, cocaïne, psychotrope, antidouleur). Entre le début de la formation et la fin, la consommation de psychotropes triple.
56% des Macs reconnaissent que leur rythme de travail a un impact négatif sur leur efficacité professionnelle, 74% sur leur vie familiale et 80% sur leur vie sociale. 70% pensent que leur capacité d'empathie est altérée, 84% voient leurs loisirs mis en péril. 85% ne se reposent pas assez et 90% voudraient consacrer plus de temps libre à leur famille. 56% estiment n'avoir plus eu les capacités de poser un diagnostic, un acte clinique ou avoir été " un danger pour le patient ".
Accouchements prématurés
10% des assistantes enceintes n'ont pas pu arrêter les gardes durant la grossesse. Parmi les 80 jeunes médecins femmes enceintes, un quart affirme avoir eu des menaces d'accouchement prématuré attribué par leur gynécologue à leurs conditions de travail.
39% s'estiment valorisés par rapport aux tâches accomplies, 35% pensent le contraire. 61% estiment qu'il y a trop de tâches administratives, 54% qu'ils n'ont pas suffisamment d'opportunités de faire un travail scientifique (76% affirment ne pas disposer des quatre heures réglementaires en science sur 48 ou 60 heures selon qu'ils ont signé l'optingout). 34% considèrent que les conditions de travail portent atteinte à leur déontologie. 42% des médecins entre la 2e et la dernière année estiment la qualité de la formation " insuffisante ".
Memorandum
Le Cimacs en profite pour publier un mémorandum destiné aux hommes politiques. Celui-ci appelle des réponses qui seront examinées par le Cimacs et transmises à l'ensemble des Macs. Dans ce memorandum, le Cimacs demande que des inspecteurs du travail vérifient le respect de la loi dans les hôpitaux de la Fédération Wallonie Bruxelles. Il propose également un système de pointage pour les Macs afin de mieux objectiver leur temps de travail. A l'instar des généralistes, il faudrait créer un organisme indépendant qui s'occupe de la rémunération des candidats spécialistes inscrits en spécialité " de façon à uniformiser les salaires, les rémunérations de gardes, et des heures supplémentaires ".
En outre, pour éviter les pressions sur l'opting-out, il conviendrait de dissocier la signature du contrat de travail et l'acceptation des heures supplémentaires qui généralement sont fixées le même jour. Une solution pourrait être de le signer en ligne sur le site du Service public fédéral des Soins de santé (ou SPF emploi).
Jérôme Lechien (photo), cheville ouvrière du Cimacs estime judicieux de publier un cadastre de la qualité de la formation en regard du centre hospitalier, et du service de spécialité. " Ce cadastre serait consultable publiquement par les professionnels de la santé et par chaque citoyen belge. " Le cadastre actuel " existant mais non publié " mettrait en évidence le fait que d'ici 2036, seulement un tiers des effectifs actuels sera disponible. " Un ETP en médecine générale aujourd'hui vaut 1,5 à cet horizon. " Le Cimacs exige donc une révision à la hausse des quotas de numéros Inami.
Le Cimacs est né au début de l'année académique 2018-2019. ll regroupe des élus représentant les médecins assistants spécialistes (Macs) des trois Facultés de médecine " complètes " francophones. Dans ce cadre, le Cimacs a réalisé un état des lieux des conditions de travail de ces Macs, leur impact, et les menaces qu'elles font peser sur la qualité de vie des assistants et sur la sécurité sanitaire.1.159 Macs ont participé à cette enquête dont 152 assistants en médecine et interne et en pédiatrie, 124 en anesthésie-réanimation et même 174 en médecine générale. La majorité sont en première année (36%) et en deuxième année (22%). 40% sont issus de l'UCL, 33 de l'ULB et 27% de l'ULg.Selon le Cimacs, les assistants-spécialistes sont soumis à de forte pression dans les hôpitaux, ce qui explique les taux de réponse à leur enquête.Ainsi, 73% des Macs ont signé l'opting-out (un avenant à la loi permettant de travailler 60 à 72h/s). " Parmi eux, 75% auraient voulu ne pas signer cette annexe au contrat de travail mais estiment n'avoir pas eu le choix. Ceci est illégal. "Autres enseignements et illégalités repérées par le Cimacs : un Macs sur deux reconnaît travailler plus de 60h/s, " ne respectant, dès lors, pas la loi fixant le temps de travail des Macs ". Dans 40% des cas, " les heures de travail ne sont pas correctement encodées dans le registre prévu à cet effet ; les horaires des MACS étant donc falsifiés ". Dans 66% des cas, " les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées, enfreignant la législation européenne relative aux droits du travail ". 56% des Macs travaillent même plus que 60 h/Semaine, 15,5% entre 73 et 80 heures et près de 7% plus de 80 h/semaine. 20% prestant des gardes sur place ne les récupèrent pas le lendemain.Le Cimacs parle même de " souffrances physiques et psychiques " parmi certains assistants en formation qui risquent " d'altérer la qualité des soins attribués aux patients, et sont responsables d'une augmentation de la consommation d'anxiolytiques ", ce que l'enquête confirme. 25% font un lien entre ces conditions et la consommation de produits addictogènes (alcool, herbe, cocaïne, psychotrope, antidouleur). Entre le début de la formation et la fin, la consommation de psychotropes triple.56% des Macs reconnaissent que leur rythme de travail a un impact négatif sur leur efficacité professionnelle, 74% sur leur vie familiale et 80% sur leur vie sociale. 70% pensent que leur capacité d'empathie est altérée, 84% voient leurs loisirs mis en péril. 85% ne se reposent pas assez et 90% voudraient consacrer plus de temps libre à leur famille. 56% estiment n'avoir plus eu les capacités de poser un diagnostic, un acte clinique ou avoir été " un danger pour le patient ".10% des assistantes enceintes n'ont pas pu arrêter les gardes durant la grossesse. Parmi les 80 jeunes médecins femmes enceintes, un quart affirme avoir eu des menaces d'accouchement prématuré attribué par leur gynécologue à leurs conditions de travail.39% s'estiment valorisés par rapport aux tâches accomplies, 35% pensent le contraire. 61% estiment qu'il y a trop de tâches administratives, 54% qu'ils n'ont pas suffisamment d'opportunités de faire un travail scientifique (76% affirment ne pas disposer des quatre heures réglementaires en science sur 48 ou 60 heures selon qu'ils ont signé l'optingout). 34% considèrent que les conditions de travail portent atteinte à leur déontologie. 42% des médecins entre la 2e et la dernière année estiment la qualité de la formation " insuffisante ".Le Cimacs en profite pour publier un mémorandum destiné aux hommes politiques. Celui-ci appelle des réponses qui seront examinées par le Cimacs et transmises à l'ensemble des Macs. Dans ce memorandum, le Cimacs demande que des inspecteurs du travail vérifient le respect de la loi dans les hôpitaux de la Fédération Wallonie Bruxelles. Il propose également un système de pointage pour les Macs afin de mieux objectiver leur temps de travail. A l'instar des généralistes, il faudrait créer un organisme indépendant qui s'occupe de la rémunération des candidats spécialistes inscrits en spécialité " de façon à uniformiser les salaires, les rémunérations de gardes, et des heures supplémentaires ".En outre, pour éviter les pressions sur l'opting-out, il conviendrait de dissocier la signature du contrat de travail et l'acceptation des heures supplémentaires qui généralement sont fixées le même jour. Une solution pourrait être de le signer en ligne sur le site du Service public fédéral des Soins de santé (ou SPF emploi).Jérôme Lechien (photo), cheville ouvrière du Cimacs estime judicieux de publier un cadastre de la qualité de la formation en regard du centre hospitalier, et du service de spécialité. " Ce cadastre serait consultable publiquement par les professionnels de la santé et par chaque citoyen belge. " Le cadastre actuel " existant mais non publié " mettrait en évidence le fait que d'ici 2036, seulement un tiers des effectifs actuels sera disponible. " Un ETP en médecine générale aujourd'hui vaut 1,5 à cet horizon. " Le Cimacs exige donc une révision à la hausse des quotas de numéros Inami.