Interpellé sur le recours abusif des Belges aux antibiotiques, le ministre wallon de la Santé a exposé aux parlementaires pourquoi aucune mesure ne serait prise. En somme, Maxime Prévot refuse de " détourner " les maigres moyens alloués aux Régions pour la prévention au bénéfice du... Fédéral. Nouvel exemple d'imbroglio politique bradant la santé publique.
Profitant de la première semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques tenue du 16 au 22 novembre, des députés régionaux ont cherché à savoir comment le ministre Prévot (cdH) pouvait sensibiliser le grand public, les médecins et les pharmaciens wallons.
Car, faut-il encore le rappeler, notre pays évolue dans le peloton de tête des plus importants consommateurs (4ème). Les volumes de prescriptions en Belgique sont deux à trois fois plus élevés que chez nos voisins allemands ou néerlandais. Une situation critique qui augmente, outre le coût pour la sécurité sociale, la résistance des bactéries.
Le Centre européen de contrôle des maladies (ECDC) soulignait encore récemment la chute chez nous de la susceptibilité des E.coli aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de 3è génération ou encore des entérocoques aux aminoglycosides.
Malgré la mise en place d'une commission, la nomination obligatoire de responsables de l'antibiothérapie dans les hôpitaux, les innombrables campagnes de sensibilisation, les tendances épidémiologiques affichées par la Belgique ressemblent à un aveu d'échec. Imputable principalement aux patients et aux généralistes, estiment certains observateurs médicaux.
Deux parlementaires ont donc demandé au ministre wallon de la Santé ce qu'il comptait faire à son niveau pour y remédier.
" À Mme De Block d'agir "
La question paraissait légitime, ne serait-ce que par rapport à la compétence de prévention et de promotion de la santé dont a hérité Maxime Prévot depuis la 6ème réforme de l'État. Réponse de l'intéressé : " Rien. La Wallonie ne va pas développer de plan d'action spécifique, simplement parce qu'elle n'en a pas les compétences. "
L'art de guérir, la pratique médicale, la prescription, le contrôle de la consommation et la régulation du marché des médicaments restent du ressort du gouvernement fédéral, a énuméré le ministre. Cela ne veut donc pas dire que la Région wallonne " n'est pas consciente de l'enjeu de santé publique ", sent-il toutefois bon de préciser.
Quant à l'aspect préventif, le démocrate-humaniste invoque la restriction des budgets pour motiver son inaction, sur une touche de protectionnisme wallon. Il réserve l'argent disponible aux campagnes pour les secteurs tombant directement sous sa compétence. " Les acteurs de terrain en matière de santé qui seraient concernés ne comprendraient pas que l'on détourne les moyens qui sont ceux de la Région au bénéfice d'autres entités ", affirme-t-il.
Contre toute apparence, et Maxime Prévot doit le répéter, il ne veut en rien minimiser l'importance de la surconsommation d'antibiotiques. Mais pour les moyens d'action concrets afin que l'on ait enfin moins recours à ces traitements, il renvoie inlassablement la balle au Fédéral. " C'est à Mme De Block de prendre les initiatives ", conclut le ministre wallon sous les applaudissements des parlementaires de son parti.
Incompétence programmée
On connaissant l'obsolescence programmée, le ministre Prévot innove en abandonnant un défi de santé publique dans le dédale administratif de la Belgique fédérale, créant une sorte d'incompétence programmée. Pour peu qu'il n'y ait pas de stratégie wallonne déjà rodée dans une matière fraîchement transférée, il semble se retrancher derrière une interprétation réductrice des compétences.
On pouvait attendre du décideur wallon une communication plus humble, ouvrant la voie à des discussions en Conférence interministérielle sur ce véritable problème de société. Il a visiblement préféré donner une leçon d'organisation institutionnelle aux députés qui avaient osé l'interpeler, " la sixième réforme de l'État étant particulièrement complexe à mesurer et à comprendre en matière de santé ", a-t-il même insisté.
Sur ce point, le ministre wallon a pour ainsi dire raison, nombre de professionnels de la santé se demandent toujours qui décide quoi dans leur matière. Les compétences en santé sont pour le moins imbriquées entre les différentes entités. Pourtant, le cabinet Prévot a souvent eu l'occasion d'expliquer que la compétence de prévention est celle organisée au niveau de la population.
Comme par exemple, la vaccination organisée pour les enfants... dont les schémas vaccinaux sont établis par le Conseil supérieur de la Santé publique, cherchez l'erreur. Prenons alors un autre exemple utilisé par les collaborateurs du ministre Prévot, le dépistage du cancer du sein. La Région wallonne est compétente pour améliorer la participation à ce dépistage.
Reste à savoir pourquoi, dans ce cas, lorsqu'on demande au ministre wallon de la Santé ce qu'il envisage pour améliorer la participation des citoyens et des prescripteurs à l'usage rationnel des antibiotiques, cela n'est soudain plus de sa compétence...
Profitant de la première semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques tenue du 16 au 22 novembre, des députés régionaux ont cherché à savoir comment le ministre Prévot (cdH) pouvait sensibiliser le grand public, les médecins et les pharmaciens wallons. Car, faut-il encore le rappeler, notre pays évolue dans le peloton de tête des plus importants consommateurs (4ème). Les volumes de prescriptions en Belgique sont deux à trois fois plus élevés que chez nos voisins allemands ou néerlandais. Une situation critique qui augmente, outre le coût pour la sécurité sociale, la résistance des bactéries. Le Centre européen de contrôle des maladies (ECDC) soulignait encore récemment la chute chez nous de la susceptibilité des E.coli aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de 3è génération ou encore des entérocoques aux aminoglycosides. Malgré la mise en place d'une commission, la nomination obligatoire de responsables de l'antibiothérapie dans les hôpitaux, les innombrables campagnes de sensibilisation, les tendances épidémiologiques affichées par la Belgique ressemblent à un aveu d'échec. Imputable principalement aux patients et aux généralistes, estiment certains observateurs médicaux. Deux parlementaires ont donc demandé au ministre wallon de la Santé ce qu'il comptait faire à son niveau pour y remédier. " À Mme De Block d'agir " La question paraissait légitime, ne serait-ce que par rapport à la compétence de prévention et de promotion de la santé dont a hérité Maxime Prévot depuis la 6ème réforme de l'État. Réponse de l'intéressé : " Rien. La Wallonie ne va pas développer de plan d'action spécifique, simplement parce qu'elle n'en a pas les compétences. " L'art de guérir, la pratique médicale, la prescription, le contrôle de la consommation et la régulation du marché des médicaments restent du ressort du gouvernement fédéral, a énuméré le ministre. Cela ne veut donc pas dire que la Région wallonne " n'est pas consciente de l'enjeu de santé publique ", sent-il toutefois bon de préciser. Quant à l'aspect préventif, le démocrate-humaniste invoque la restriction des budgets pour motiver son inaction, sur une touche de protectionnisme wallon. Il réserve l'argent disponible aux campagnes pour les secteurs tombant directement sous sa compétence. " Les acteurs de terrain en matière de santé qui seraient concernés ne comprendraient pas que l'on détourne les moyens qui sont ceux de la Région au bénéfice d'autres entités ", affirme-t-il. Contre toute apparence, et Maxime Prévot doit le répéter, il ne veut en rien minimiser l'importance de la surconsommation d'antibiotiques. Mais pour les moyens d'action concrets afin que l'on ait enfin moins recours à ces traitements, il renvoie inlassablement la balle au Fédéral. " C'est à Mme De Block de prendre les initiatives ", conclut le ministre wallon sous les applaudissements des parlementaires de son parti. Incompétence programmée On connaissant l'obsolescence programmée, le ministre Prévot innove en abandonnant un défi de santé publique dans le dédale administratif de la Belgique fédérale, créant une sorte d'incompétence programmée. Pour peu qu'il n'y ait pas de stratégie wallonne déjà rodée dans une matière fraîchement transférée, il semble se retrancher derrière une interprétation réductrice des compétences. On pouvait attendre du décideur wallon une communication plus humble, ouvrant la voie à des discussions en Conférence interministérielle sur ce véritable problème de société. Il a visiblement préféré donner une leçon d'organisation institutionnelle aux députés qui avaient osé l'interpeler, " la sixième réforme de l'État étant particulièrement complexe à mesurer et à comprendre en matière de santé ", a-t-il même insisté. Sur ce point, le ministre wallon a pour ainsi dire raison, nombre de professionnels de la santé se demandent toujours qui décide quoi dans leur matière. Les compétences en santé sont pour le moins imbriquées entre les différentes entités. Pourtant, le cabinet Prévot a souvent eu l'occasion d'expliquer que la compétence de prévention est celle organisée au niveau de la population. Comme par exemple, la vaccination organisée pour les enfants... dont les schémas vaccinaux sont établis par le Conseil supérieur de la Santé publique, cherchez l'erreur. Prenons alors un autre exemple utilisé par les collaborateurs du ministre Prévot, le dépistage du cancer du sein. La Région wallonne est compétente pour améliorer la participation à ce dépistage. Reste à savoir pourquoi, dans ce cas, lorsqu'on demande au ministre wallon de la Santé ce qu'il envisage pour améliorer la participation des citoyens et des prescripteurs à l'usage rationnel des antibiotiques, cela n'est soudain plus de sa compétence...